EurActiv (24.10.2017) Au travail, les inégalités entre les femmes et les hommes persistent en Europe, d’après une étude Insee Eurostat Si les femmes sont plus diplômées que les hommes dans la majorité des pays européens, elles gagnent encore beaucoup moins que leurs collègues masculins et sont plus durement touchées par le chômage.
Si les femmes sont plus diplômées que les hommes dans la majorité des pays européens, elles gagnent encore beaucoup moins que leurs collègues masculins et sont plus durement touchées par le chômage.
Les inégalités entre les hommes et les femmes en Europe ont la vie dure. Dans une publication livrée lundi 23 octobre, l’Insee et Eurostat dressent un panorama peu reluisant des disparités existantes sur « La vie des femmes et des hommes en Europe ».
Parmi les thèmes abordés figure un chapitre consacré au monde du travail relatant les principales inégalités entre les hommes et les femmes. Retour sur cinq chiffres qui montrent qu’elles sont particulièrement frappantes dans la sphère professionnelle.
Près d’un tiers des femmes sont à temps partiel
Sur le front de l’emploi, les différences entre les femmes et les hommes sont particulièrement marquantes. Le travail à temps partiel est très loin d’être également réparti alors qu’il représente « un aspect important de la conciliation entre le travail et la vie familiale ».
En 2016, 32 % des femmes travaillaient à temps partiel contre seulement 9 % des hommes. Et cette proportion évolue selon les pays avec la part la plus élevée des femmes à temps partiel aux Pays-Bas (77 %), en Autriche (47 %) et en Allemagne (46 %) et pour les hommes aux Pays-Bas (26 %) et au Danemark (17 %). En France, cette part atteint 29,8 % pour les femmes (contre 7,5 % pour les hommes), soit légèrement en dessous de la moyenne européenne. Les deux sexes confondus, c’est en Bulgarie que la part des travailleurs à temps partiel est la plus faible (il concerne 2 % des femmes et des hommes).
Un chômage à 8,7 % pour les femmes
Dans l’Union européenne, les femmes sont particulièrement touchées par le chômage. En 2016, le taux de chômage, au sens du bureau international du travail, s’élevait à 8,7 % pour les femmes et 8,4 % pour les hommes. Dans quatorze États membres, le taux de chômage est plus élevé pour les femmes, dans treize autres plus élevé pour les hommes et égal en Hongrie.
Et si les chiffres du chômage n’illustrent pas les différences les plus frappantes, ceux relatifs au taux d’emploi (*) sont plus marquants. En moyenne, le taux d’emploi dans l’UE est plus élevé pour les hommes (72 %) que pour les femmes (61 %). Et cette différence augmente avec le nombre d’enfants.
« Le taux d’emploi des femmes sans enfant s’élève en 2016 à 65 %, contre 73 % pour les hommes. Avec un enfant, on mesure une augmentation, avec 71 % pour les femmes et 85 % pour les hommes. Avec deux enfants, le taux d’emploi reste à 70 % pour les femmes, et monte à 89 % pour les hommes. »
Un tiers des cadres supérieurs sont des femmes
Dans les postes de direction, les inégalités entre les sexes sont particulièrement visibles. Selon les données de la Commission européenne, un tiers des postes de cadres supérieurs sont occupés par des femmes. Aucun pays membre ne compte plus de femmes que d’hommes parmi les cadres supérieurs. Parmi les pays se rapprochant le plus de la parité, on retrouve la Lettonie, la Pologne et la Slovénie (41 %), la Lituanie, la Hongrie et la Suède (39 %). À l’inverse, les pays les plus inégalitaires concernant ce type de poste sont le Luxembourg (18 %), la République tchèque, les Pays-Bas et la Grèce (25 %). Pour la France, cette proportion atteint 33 % pour les femmes.
Les femmes gagnent 16 % de moins que les hommes
En termes de rémunération, les disparités sont particulièrement criantes. Dans l’Union européenne en 2015, les femmes gagnaient 16,3 % de moins que les hommes, si on compare les salaires horaires bruts moyens. Les plus fortes différences sont observées en Estonie (26,9 %), en République tchèque (22,5 %), en Allemagne (22 %), en Autriche (21,7 %) et au Royaume-Uni (20,8 %). L’écart est en revanche plus réduit au Luxembourg et en Italie (5,5 %), en Roumanie (5,8 %), en Belgique (6,5 %), et en Pologne (7,7 %). Pour la France, cet écart s’élève en à 15,8 % en 2015, en légère hausse par rapport à 2014 (15,5 %).
Pour les experts d’Eurostat, ces écarts s’expliquent en partie par les caractéristiques individuelles des travailleurs comme l’expérience ou le niveau d’éducation. Ils avancent également l’existence de véritables discriminations dans le recrutement dans certains secteurs ou types d’emploi (par exemple, il y a plus d’hommes que de femmes pour certains types d’emplois, avec des salaires plus élevés qu’ailleurs).
L’étude des écarts de salaires par profession indique que ce sont chez les cadres supérieurs que l’on retrouve les inégalités les plus considérables (23 % de moins pour les femmes). À titre d’exemple, les directeurs et cadres de direction sont payés 32 euros bruts de l’heure chez les hommes contre 23 euros chez les femmes en France pour le même poste. Les différences sont moins importantes dans les professions où les salaires sont moins élevés, avec un écart moyen de 8 % chez les employés de bureau et dans les services et le commerce. Et si en France, la secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa travaille sur un dispositif pour « prélever les amendes dans les entreprises » qui ne respectent pas la parité et les réinjecter dans le budget de l’État, il est possible que certaines entreprises préfèrent encore payer des pénalités même après la mise en oeuvre de nouveaux outils.
33 % des femmes sont diplômées du supérieur
Malgré des écarts de salaires particulièrement marqués dans les postes à responsabilité, les femmes sont, en proportion, plus diplômées que les hommes dans l’enseignement supérieur. En moyenne 33 % des femmes étaient titulaires d’un diplôme du supérieur en 2016 contre 29 % pour les hommes. Et ce phénomène s’observe dans la grande majorité des pays à l’exception de l’Allemagne où les hommes (31,3 %) sont plus diplômés dans le troisième cycle que les femmes (25,2 %). Aux Pays-Bas, il existe une parité parfaite entre les deux sexes pour les diplômes du supérieur. Enfin pour la France, la proportion de femmes atteint 36,9 % contre 32,2 % pour les hommes.
En revanche, la part des femmes ayant atteint le niveau du lycée est en moyenne un peu inférieure à celles des hommes (45 % contre 48 %). Cette situation est visible dans la plupart des pays européens