Le Monde (30.07.2018) Le roi Mohammed VI a longuement évoqué dans un discours télévisé prononcé dimanche 29 juillet au soir la « question sociale » au Maroc, exhortant le gouvernement à prendre des « mesures d’urgence », notamment en matière de santé et d’éducation. Malgré les « réalisations accomplies (…) j’ai le sentiment que quelque chose continue à nous faire défaut en matière sociale », a déclaré le souverain marocain dans une allocution marquant le 19e anniversaire de son accession au trône.
Le roi Mohammed VI a longuement évoqué dans un discours télévisé prononcé dimanche 29 juillet au soir la « question sociale » au Maroc, exhortant le gouvernement à prendre des « mesures d’urgence », notamment en matière de santé et d’éducation. Malgré les « réalisations accomplies (…) j’ai le sentiment que quelque chose continue à nous faire défaut en matière sociale », a déclaré le souverain marocain dans une allocution marquant le 19e anniversaire de son accession au trône.
Mohammed VI a pointé du doigt les programmes de soutien et de protection sociale qui « empiètent les uns sur les autres, pèchent par manque de cohérence et ne parviennent pas à cibler les catégories effectivement éligibles ». Il a ainsi appelé à accélérer la mise en place d’« un système national d’enregistrement des familles qui pourront bénéficier des programmes d’appui social », invitant le gouvernement à « entreprendre une restructuration globale et profonde » des programmes existants.
« Inégalités criantes »
Le Maroc est marqué par des inégalités sociales et territoriales criantes, sur fond de chômage élevé des jeunes. En 2017, il a été classé 123e sur 188 pays au titre de l’indice de développement humain (IDH). La recherche d’un « nouveau modèle de développement » est devenue au cours des derniers mois le leitmotiv des pouvoirs publics.
Dans son message, le roi du Maroc a appelé à « donner une impulsion vigoureuse aux programmes d’appui à la scolarisation » et à une refonte du système de santé, qui « se caractérise par des inégalités criantes et une faible gestion ».
Le discours a été prononcé dans la ville d’Al-Hoceima (nord du Maroc), épicentre d’un mouvement de protestation aux revendications sociales et économiques qui a agité le pays en 2016 et 2017.
Grâce royale ?
Des médias marocains avaient vu dans l’annonce du discours le signe d’une possible grâce royale qui aurait été accordée aux détenus du mouvement appelé « Hirak » (« mouvance »), notamment de ses principaux activistes, condamnés fin juin à des peines allant jusqu’à vingt ans de prison.
Dans son discours, le monarque âgé de 54 ans n’est pas revenu sur la crise qu’a connue la ville d’Al-Hoceima et ses environs. Un communiqué officiel diffusé dans la foulée annonce plus de 1 200 grâces accordées ce jour, sans préciser si des détenus du mouvement en font partie. Des médias marocains ont assuré qu’aucun des détenus du Hirak n’avait été gracié.
Mohammed VI a ensuite présidé une réunion consacrée à « l’activation des mesures contenues » dans son discours, à laquelle ont pris part le chef du gouvernement et une dizaine de ministres, selon un communiqué du cabinet royal.