France: Sans-abri et épidémie : que faire?

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jean-jaures.org (18.03.2020)

La question SDF a toujours été et demeure, à bien des égards, une question de santé publique[1]. S’il n’existe pas de pathologies spécifiques aux sans-abri, l’épidémiologie diffère de celle de la population générale. Nombre de maladies sont plus répandues et plus alarmantes pour les personnes mal-logées, en habitat insalubre ou qui n’ont même pas de toit. Pour ces dernières, l’efficacité de la prévention sanitaire et du traitement médical est intimement liée à l’amélioration de leur situation sociale[2]. Pour les personnes qui les côtoient (personnels soignants, travailleurs sociaux, gardiens de foyers, bénévoles), c’est également un enjeu de santé personnelle, tout particulièrement en période d’épidémie très contagieuse. Dans leurs actes et comportements, les intervenants doivent redoubler de précaution sanitaire mais aussi d’attention humaine. Les personnes totalement à la rue présentent des fragilités de santé liées à des conditions d’existence dégradées. Dans la mesure où les lieux publics sont des terreaux fertiles pour les virus, toutes les personnes qui les fréquentent plus que les autres sont, de fait, plus exposées. Les SDF sont, par rapport au Covid-19 comme par rapport à toute maladie transmissible, particulièrement vulnérables. S’ils s’appliquent les gestes barrières et toutes les mesures de prévention sanitaire, ils n’ont aucune raison d’être plus affectés. Mais ces gestes barrières (ne serait-ce que pouvoir se laver souvent les mains au savon) et ces mesures de prévention (rester à domicile quand on n’a pas de domicile) sont irréalistes ou inatteignables pour eux. En un mot, les SDF, plus exposés, sont potentiellement plus affectés par une épidémie. En tant que victimes possibles, mais aussi en tant qu’agents propagateurs du virus, pour d’autres sans-abri comme pour la population générale. Ce ne sont pas des spécificités de l’épidémie mais des particularités de leurs conditions de vie qui posent problème. Ce simple constat, établi non pas pour le Covid-19 ni seulement depuis des décennies mais depuis des siècles, nourrit des pratiques et des politiques publiques. Celles-ci ont d’abord été, pendant longtemps, très coercitives, afin de se protéger collectivement des sans-abri. Elles sont, depuis peu de temps, plus sociales, afin de protéger individuellement les SDF.

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