revue de l'IRES : Lors de la campagne des élections européennes de 2014, Jean-Claude Juncker, alors tête de liste du Parti populaire européen (PPE) et aujourd’hui président de la Commission européenne, annonçait : « En tant que président de la Commission, je plaiderai pour que chaque État membre introduise un salaire minimum adapté à ses pratiques nationales de négociations salariales et à ses conditions économiques » (Juncker, 2014a). Ainsi serait garanti à tous les salariés en Europe « un revenu suffisant pour qu’ils n’aient pas à se présenter au guichet de la Sécurité sociale » (Juncker, 2014b). En impulsant une politique de salaire minimum européen, Juncker se fixe comme objectif de renforcer la dimension sociale de l’Europe et de contribuer à une « réhabilitation de l’économie sociale de marché » (Juncker, 2014c).
Le projet d’une politique de salaire minimum coordonnée à l’échelle européenne fait l’objet de débats depuis plusieurs années (Schulten, 2008 ; 2012). Ce n’est pas une coïncidence si cette idée est apparue notamment en France qui dispose depuis longtemps d’un solide système de salaire minimum interprofessionnel. Ce sont les socialistes français qui, les premiers, ont proposé l’introduction d’un « salaire minimum européen », dans leur programme pour les élections européennes de 2004 (Parti socialiste, 2004). Depuis lors, ce projet a fait l’objet de débats en France. Parmi ses partisans figure l’ancien président de la Commission européenne, qui avait appelé les syndicats européens et les organisations d’employeurs à négocier sur cette question dans le cadre du dialogue social européen (Delors, 2006).