Les Suisses se déclarent pour l’élévation de l’âge de la retraite

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TDG (12.02.2018) Les Romands en revanche sont opposés à travailler plus longtemps. Ils estiment que les rentes AVS ne sont pas menacées.

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L’augmentation de l’âge de la retraite fait son chemin dans l’esprit des Suisses. Pour la première fois, une majorité s’y déclare favorable. C’est du moins ce qui ressort du grand sondage annuel de Vimentis qui a interrogé en ligne plus de 22'000 personnes dans toutes les régions du pays. L’association, qui travaille en étroite collaboration avec les partis politiques de gauche et de droite, a dévoilé ses chiffres lundi à Berne.

Il y a eu un bond gigantesque d’une année à l’autre. Au début 2017, seules 28% des personnes interrogées acceptaient un relèvement de l’âge de la retraite. Aujourd’hui, 56% disent oui. Mais attention, il y a une vraie barrière de rösti. La Suisse romande, à l’exception de Fribourg, ne veut pas faire de vieux os au boulot. Genève et Vaud disent non à environ 50% contre moins de 35% qui approuvent, le reste étant indécis. À noter aussi que plus son revenu est modeste et moins on aspire à reculer l’âge de la retraite

Le vice-président du PLR, Philippe Nantermod, se réjouit de la fin du tabou sur un âge de retraite plus élevé. «Nous étions par le passé le seul parti à y être favorable. On voit que les mentalités évoluent. Il faudra cependant ne pas toucher au niveau des rentes. Les gens ne veulent pas qu’elles diminuent.» À gauche, sans doute en raison de la dernière votation sur les retraites, les sympathisants socialistes ne sont plus hostiles à une retraite plus tardive. Ce sont donc Les Verts, avec la Lega, qui demeurent les seuls partis à dire non. «Nous avons une attitude très claire, déclare Sibel Arslan (Verts/BS). Il n’est pas question d’entrer en matière sur l’élévation de l’âge de la retraite des femmes tant que la discrimination salariale avec les hommes persiste.»

L’affaire va revenir rapidement sur le tapis à Berne. Le Conseil fédéral, après l’échec de sa réforme des retraites dans les urnes en septembre, présentera au plus tard à la fin du mois son nouveau projet. Il a d’ores et déjà inscrit l’élévation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans comme un des objectifs pour assainir l’AVS. Reste à savoir les compensations qu’il lâchera. Le gouvernement devra surtout convaincre les Romands. Le sondage Vimentis indique que, contrairement aux Alémaniques, ils estiment que les rentes sont sûres.

Le sondage contient d’autres enseignements intéressants. Rapide survol.

La santé plus importante que l’asile et l’immigration

La santé se hisse à la première place des préoccupations des Suisses. Avec 18%, elle dépasse les thèmes de l’asile (15%) et de l’immigration (12%) qui caracolaient en tête ces dernières années. Il faut y voir un effet de l’explosion des primes l’an passé, conjugué au recul des demandes d’asile et de l’immigration européenne. La conseillère nationale Andrea Gmür (PDC/LU) s’en félicite. «Mon parti va lancer une initiative populaire pour maîtriser les coûts. Comme l’a montré un récent rapport, on peut économiser 20% sans toucher à la qualité des soins.» Le conseiller national Erich Hess (UDC/BE) estime, lui, que la priorité des Suisses est toujours la même et ne concerne pas la santé. «Si on additionne asile et immigration, on constate que la problématique des étrangers reste largement en tête.»

Une taxe sur les robots emporte l’adhésion générale

Les Suisses ne sont pas a priori réfractaires à la numérisation. À 51% contre 32%, ils la considèrent comme une chance. Mais ils souhaitent que les politiciens encadrent le mouvement. Comment? D’abord via la formation, ensuite par la taxation des robots. Ils sont 62% contre 26% à approuver cette dernière mesure. Et il n’y a aucune différence dans les régions linguistiques.

 

Non à la redevance SSR et au divertissement suisse

La Confédération doit-elle financer une radio et TV publiques via une redevance? Alors que les Suisses se prononcent le 4 mars, les sondés disent non à 47% contre 44%. Une prise de position qui a eu lieu avant la campagne et les derniers sondages qui donnent l’initiative «No Billag» perdante. Les sondés estiment aussi que l’information et le sport sont prioritaires, contrairement au divertissement et aux programmes éducatifs.

Touche pas à ma poste

Les Suisses veulent conserver le monopole des lettres à la poste. Ils estiment qu’un bureau de poste ou une agence postale doit être accessible en transports publics en 10 minutes pour les 90% de la population. Et ils se disent prêts à 56% contre 32% à débloquer une subvention pour garder des offices de poste non rentables. Les Suisses se montrent d’ailleurs très chatouilleux sur le service public. Ils s’opposent à 52% contre 32% au fait de confier à des entreprises privées des tâches publiques. Le rejet est particulièrement fort en Suisse romande.