EurActiv (12.04.2018) Vingt-quatre pays de l’UE se sont engagés à se regrouper pour adopter une « approche européenne » vis-à-vis de l’intelligence artificielle, afin de concurrencer les géants technologiques américains et asiatiques. Les ministres ont signé une déclaration le 10 avril dans laquelle ils déclarent qu’ils envisageront de financer la recherche publique dans le domaine de l’intelligence artificielle, sans toutefois promettre un montant spécifique d’investissements.
Vingt-quatre pays de l’UE se sont engagés à se regrouper pour adopter une « approche européenne » vis-à-vis de l’intelligence artificielle, afin de concurrencer les géants technologiques américains et asiatiques.
Les ministres ont signé une déclaration le 10 avril dans laquelle ils déclarent qu’ils envisageront de financer la recherche publique dans le domaine de l’intelligence artificielle, sans toutefois promettre un montant spécifique d’investissements.
Tous les États membres de l’UE, à l’exception de Chypre, de la Roumanie, de la Croatie et de la Grèce, se sont engagés à « moderniser les politiques nationales » pour développer la recherche à grande échelle autour de l’intelligence artificielle (IA).
Un responsable de la Commission a déclaré que les quatre pays de l’UE qui n’ont pas signé n’étaient pas opposés à l’initiative, mais pourraient encore avoir besoin d’une approbation formelle avant de signer. La Norvège a également signé la déclaration.
Les décideurs politiques européens se démènent pour amplifier leur travail sur l’IA en affectant des fonds publics et en incitant les entreprises à investir dans des technologies telles que la robotique et les applications médicales, qui traitent d’énormes quantités de données.
L’investissement de l’UE dans l’IA est à la traîne par rapport aux États-Unis et à la Chine, et la nouvelle initiative de la région pourrait encore être entravée par la concurrence entre les États membres ou par leurs positions divergentes en matière de réglementation.
Mariya Gabriel, commissaire européenne chargée du numérique, publiera le 25 avril un document de stratégie sur l’intelligence artificielle qui, selon elle, exposera les questions juridiques que la technologie est susceptible de soulever, et répondra également aux craintes concernant le remplacement des emplois par des robots. Elle ne proposera pas de législation contraignante axée sur l’IA ce mois-ci, mais elle n’a pas exclu la possibilité de réglementer la technologie à un stade ultérieur.
Dernièrement, les annonces des gouvernements nationaux à propos de l’intelligence artificielle se sont succédé. Le président français Emmanuel Macron est le dernier dirigeant à s’être concentré sur la technologie lorsqu’il a révélé le mois dernier un plan visant à injecter un total de 1,5 milliard d’euros de fonds publics dans la recherche sur l’IA au cours des quatre prochaines années. Emmanuel Macron a rencontré récemment les dirigeants des géants du secteur de la technologie pour attirer des emplois et des investissements privés en France. Facebook gère déjà un laboratoire de recherche sur l’IA à Paris.
Dans son accord de coalition de février, le nouveau gouvernement allemand s’est engagé à créer sa propre unité de recherche et un centre commun d’IA avec la France.
Mariya Gabriel a appelé les pays de l’UE à coopérer pour rivaliser avec des concurrents plus importants aux États-Unis et en Asie.
« Les États membres ont un niveau d’excellence dans certains secteurs, mais seuls ils ne peuvent pas faire le poids sur la scène internationale. Pourtant, l’UE peut être une force motrice », a-t-elle déclaré aux journalistes en marge d’une conférence à Bruxelles consacrée à l’investissement dans la technologie et l’intelligence artificielle.
Mariya Gabriel a déclaré que la concurrence entre les États membres pour attirer les entreprises multinationales ne menacerait pas les efforts de l’UE pour coordonner les politiques nationales et la recherche sur l’intelligence artificielle. « Je crois que les désaccords peuvent être un atout pour l’UE », a-t-elle déclaré.
En plus d’envisager des modifications des lois nationales et de nouveaux fonds d’investissement dans l’IA, les ministres se sont engagés à créer des centres de recherche paneuropéens.
Ils ont également convenu que les humains devraient « rester au centre du développement, du déploiement et de la prise de décision en matière d’IA » et se sont engagés à « prévenir la création et l’utilisation nuisibles d’applications d’IA ».
Les ministres qui ont signé la déclaration ont déclaré vouloir que l’UE dans son ensemble concurrence les États-Unis et la Chine pour le développement de nouvelles technologies d’IA.
Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État français aux affaires numériques, a déclaré, à l’occasion d’une table ronde avec les ministres d’autres pays lors de la même conférence, que l’engagement d’investir 1,5 milliard d’euros n’était pas seulement dans l’intérêt de la France. « La France veut que l’Europe soit le chef de file en matière d’intelligence artificielle », a-t-il affirmé.
Plusieurs ministres ont souligné que l’UE devrait se mettre d’accord sur des normes éthiques en matière d’intelligence artificielle qui pourraient donner aux entreprises européennes un avantage sur leurs concurrents.
« Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que la Chine le fasse. Nous devons le faire. Avec une démocratie et un système juridique qui fonctionne, l’Europe doit considérer cela comme le facteur le plus important. La concurrence avec la Chine, la concurrence avec les États-Unis, est évidemment importante. Mais si nous ne créons pas le cadre juridique et éthique, nous serons de toute façon perdants », a déclaré Peter Eriksson, ministre suédois du développement numérique.
Dans un document annexe que la Hongrie, la Slovaquie, la Pologne et la République tchèque ont fait circuler le 10 avril, ces pays ont appelé à tester les nouvelles technologies à l’échelle européenne avant de proposer une nouvelle réglementation.
« Même si l’émergence d’une nouvelle législation est inévitable, nous devons veiller à ce qu’elle soit rédigée avec sagesse », a déclaré un diplomate d’Europe centrale.
Les quatre pays ont également signé la déclaration soutenue par d’autres États membres. Leur document est ouvert à d’autres pays.
« Certains États membres ont leur propre programme », a déclaré Georgios Petropoulos, chercheur au groupe de réflexion Bruegel.
Georgios Petropoulos a qualifié la déclaration entre les 24 États membres de l’UE de « très importante. Selon lui, elle montre que les ministres ont compris que les programmes d’investissement conjoints et une approche paneuropéenne pour toute réglementation future aideront le bloc à concurrencer d’autres régions.
« L’ampleur des investissements, l’ampleur du développement, vont au-delà des capacités d’un seul État membre », a-t-il dit.
« Si nous voulons que l’Europe en tire pleinement parti, nous avons besoin d’investissements communs à une échelle comparable à celle des États-Unis et de la Chine, qui exploitent déjà les possibilités de ces technologies.