Deux millions de travailleurs vivent en dessous du seuil de pauvreté en France

Submitted by dfabbri on Mon, 09/16/2019 - 13:29
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La Tribune (12.09.2019) Le nombre de travailleurs pauvres a bondi de 181.000 entre 2016 et 2017 selon les derniers chiffres de l'Insee. Au total, ils seraient 2,1 millions contre 1,9 million un an auparavant.

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Les effets de la crise de 2008 se font encore ressentir sur le porte-monnaie des Français. En dépit d'une embellie de la conjoncture, le nombre de pauvres sur le sol français a augmenté passant de 8,5 millions de personnes en 2013 à 8,8 millions en 2017.

En prenant en compte l'évolution de la population totale, le taux de pauvreté a légèrement bondi sur cette même période pour passer de 13,8% à 14,1%. En parallèle, le seuil de pauvreté fixé à 60% du revenu médian a très peu évolué passant de 1.021 euros à 1.041 euros.

Le taux de pauvreté des salariés a bondi

Il existe de fortes disparités selon les catégories socioprofessionnelles et la situation des actifs. Le taux de pauvreté des chômeurs a fortement diminué en 2017 (0,7 point). Dans le même temps, celui des salariés a augmenté. L'organisme de statistiques explique ces différentes trajectoires par des créations d'emploi plus nombreuses dans le travail temporaire et la construction. Ces deux secteurs emploient plus souvent des des travailleurs à bas salaires. "Le nombre de personnes pauvres augmente ainsi de 181.000 parmi les salariés, et diminue de 139.000 parmi les chômeurs" ajoutent les statisticiens. Parmi les 2,1 millions de travailleurs pauvres, 1,6 million sont salariés et 500.000 sont non-salariés.

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1.735 euros de revenu médian mensuel

Selon les chiffres communiqués par l'Insee, le niveau de vie annuel médian d'un Français vivant dans un ménage était de 20.820 euros par an, soit 1.735 euros par mois. Depuis 10 ans, ce niveau connaît "une période de quasi-stagnation d'une durée inédite" explique l'organisme public. Cette stabilité se traduit dans les chiffres par une baisse du niveau de vie médian entre 2008 et 2013 de 0,3% par an en moyenne et une légère hausse ensuite (+0,5% par an en moyenne). Malgré le retour de la croissance tricolore en 2017 (2,3%), la situation financière des Français ne s'est pas fondamentalement améliorée.

Le niveau de vie des plus aisés a retrouvé des couleurs

Les évolution des niveaux de vie ont connu des contrastes selon les catégories de revenus. Après avoir diminué entre 2011 et 2014, le niveau du neuvième décile,  a augmenté progressivement pour atteindre 38.210 euros en 2017 contre 37.390 euros 10 ans auparavant. En 2017, l'augmentation du niveau vie a été plus favorable pour les plus aisés. Le neuvième décile a augmenté de 0,7% sur un an.

Dans le bas de l'échelle, la situation est bien plus morose. Les Français n'ont toujours pas retrouvé en 2017 (11.290 euros) le niveau de vie qu'ils avaient connu en 2008 (11.340 euros). Même si la plupart des économistes s'accordent à dire que la protection sociale et le système de redistribution ont joué un rôle d'amortisseur pour limiter les effets dévastateurs de la grande récession, "le niveau de vie des personnes en dessous des deux premiers déciles s'est dégradé depuis la crise" indiquent les statisticiens. La récente crise des "gilets jaunes" a remis au centre des débats la question du pouvoir d'achat des revenus les plus modestes et des choix de politiques économiques menées par les différentes gouvernements.

Des inégalités relativement stables

Sur le front des inégalités, les différences se stabilisent par rapport à 2016. "En effet, les variations des différents indicateurs d'inégalités ne sont pas significatives d'un point de vue statistique" précise l'institut. Ainsi, l'indice de Gini est passé de 0,288 à 0,289 entre 2016 et 2017. "En 2017, les 20 % de personnes les plus aisées perçoivent 38 % de la masse totale des niveaux de vie, tandis que les 20 % des plus modestes en perçoivent 9 %"expliquent les experts de l'Insee. Les disparités de niveau de vie ont fortement bondi après la grande crise de 2008. Les ménages les plus modestes ont été les premières victimes de la récession.