Les Echos (26.04.2019) Pour financer les baisses d'impôts, le chef de l'Etat souhaite notamment que les Français travaillent davantage. Il a écarté tout assouplissement supplémentaire des 35 heures ou l'instauration d'un jour de solidarité. La solution passera par l'allongement de la durée de cotisation avec un système de décote pour inciter à « partir plus tard ».
Persiste et signe. Comme il l'avait prévu dans son discours initial , mort-né à cause de l'incendie de Notre-Dame, Emmanuel Macron souhaite que les Français travaillent « davantage ». Cette « nécessité », a-t-il justifié lors de sa conférence de presse , constitue l'une des trois pistes qui permettront de baisser « significativement » l'impôt sur le revenu, avec la suppression des niches fiscales ou la baisse des dépenses publiques. « On doit regarder notre société par rapport à nos voisins : On travaille moins par rapport à la vie entière et par rapport à l'année », a-t-il ajouté, y voyant le « différentiel de création de richesses et de revenus pour les concitoyens ».
Pas de jour de solidarité supplémentaire
Reste à savoir comment travailler plus. Cela ne passera pas par un assouplissement supplémentaire des 35 heures, cette question ayant été renvoyée au dialogue social dans l'entreprise ou les branches professionnelles via les ordonnances réformant le Code du travail au début du quinquennat. Sans oublier la défiscalisation et la désocialisation des heures supplémentaires, reconduite « cette année ». La solution ne passera non plus par l'instauration d'un jour de solidarité supplémentaire. « On a déjà essayé. Ce n'est pas clair et c'est d'une complexité abyssale », a-t-il tranché.
Macron ne renie rien et entend accélérer ses réformes après le grand débat
Reste la question du temps de travail durant la vie professionnelle et donc, en ligne de mire, celle de l'âge de départ légal en retraite. « Question légitime » pour Emmanuel Macron puisque l'espérance de vie n'a cessé d'augmenter quand l'âge d'entrée dans la vie active, elle, n'a cessé de reculer.
Que personne ne touche moins de 1.000 euros
La première solution consisterait à reculer le curseur légal des 62 ans. « Je ne le souhaite pas », a, là encore, tranché le chef de l'Etat. D'abord, parce qu'il s'est engagé à ne pas le faire lors de la campagne. Qui plus est, la réforme en cours qui doit mettre en place un système de retraites par points « corrigera les vraies inégalités du système ». Toucher aux 62 ans serait, ensuite, « hypocrite » tant qu'on n'a pas réglé le problème du chômage. Renvoyant au passage dans leurs cordes ceux, comme le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui militent pour passer à 64 ans alors que bien des actifs ne trouvent plus de travail passé 55 ans.
Pour Emmanuel Macron, la solution passera dès lors par « l'augmentation de la durée de cotisation » et de laisser la « liberté de choix », qui sera « au coeur » de la réforme menée par Jean-Paul Delevoye. Le point d'équilibre, a-t-il rappelé, du système de retraite actuel se situe d'ailleurs aux alentours de 64 ans. Au gouvernement et au Parlement de mettre au point un système de décote pour « inciter à partir plus tard ». De décote et donc, non plus de surcote comme étudié jusqu'à présent.
Avec cette réforme, les économies dégagées seront « en partie » reversée aux retraités les plus modestes. « Des centaines de milliers de retraités touchent moins que le minimum vieillesse », a pointé le chef de l'Etat avant de souhaiter que personne ne touche moins de 1.000 euros.