Le Figaro (17.10.2017) Après Emmanuel Macron, c'est au tour du premier ministre Édouard Philippede recevoir ce mardi les partenaires sociaux pour discuter de la réforme de l'assurance chômage, de l'apprentissage et de la formation.
Après avoir rencontré Emmanuel Macron à l'Elysée, les syndicats ont rendez-vous ce mardi avec Édouard Philippe. Le premier ministre les recevra tout au long de la journée à Matignon pour discuter de la réforme de la formation professionnelle, de l'apprentissage et de celle, plus périlleuse, de l'assurance chômage. Ces rencontres se tiendront en présence de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, mais aussi du ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, partie prenante notamment sur la question de l'apprentissage. Cette semaine, il s'agit de «fixer ensemble les éléments de méthode, le calendrier et les têtes de chapitre», indique-t-on à Matignon. Dès vendredi, les consultations se poursuivront au ministère du Travail.
Outre les organisations habituelles (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Medef, CPME, U2P), seront reçues ce mardi des organisations non représentatives comme l'Unsa et Solidaires, ainsi que les régions. Ce ballet se téléscopera avec la manifestation à l'appel de la CGT et de Solidaires, la troisième mobilisation depuis la rentrée contre la réforme du droit du travail. Philippe Martinez, numéro un de la CGT, défilera d'ailleurs loin de Matignon, à Marseille.
Sur cet acte II des réformes sociales, la volonté du gouvernement est d'aboutir à un projet de loi déposé en avril et adopté l'été prochain. Comme prévu, la réforme de l'assurance chômage cristallise le plus de craintes. Emmanuel Macron a promis d'ouvrir le régime sous conditions aux démissionnaires et aux indépendants. L'idée affichée par le gouvernement, après la réforme du droit du travail donnant plus de flexibilité aux entreprises, est d'apporter un élément de sécurité aux travailleurs. En contrepartie des nouveaux droits, Emmanuel Macron a indiqué que les contrôles visant les chômeurs allaient être «renforcés», expliquant qu'il fallait notamment «vérifier» que ce ne sont pas «des multirécidivistes du refus».
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«C'est complétement idiot d'imaginer taxer les contrats courts»
Pierre Gattaz, patron du Medef
Mais côté syndicats, ces nouveaux droits font craindre une baisse des droits pour l'ensemble des allocataires, dans un régime qui accuse une dette de 30 milliards d'euros. Côté patronat, sont pointés de possibles effets d'aubaine qui pourraient faire grimper la facture. Le chiffre de 14 milliards circulant dans la presse s'agissant des démissionnaires, pourtant qualifié de «fantaisiste» par Muriel Pénicaud, est repris en choeur. En sortant de son entrevue à l'Elysée, le leader du Medef, Pierre Gattaz, y a fait allusion et y a vu «un petit problème économique».
Autre sujet scruté de près par le patronat: l'instauration d'un «bonus-malus» pénalisant les entreprises qui ont trop recours aux contrats courts, comme le secteur de l'hôtellerie-restauration. D'après Les Echos, ce système pourrait prendre la forme d'un taux de cotisation patronal variable. «C'est une absurdité. On l'a déjà montré. Ça affaibli des secteurs très demandeurs d'emploi, des métiers qui aujourd'hui sont en demande de recrutement», a lancé ce matin Pierre Gattaz, au micro d'Europe 1. «C'est le malus qui nous fait très peur. Le coût du travail est déjà très élevé. C'est complétement idiot d'imaginer taxer les contrats courts. Les CDD sont une méthode de flexibilité qui répond à un besoin. Cela va développer le travail au noir et les indépendants», a-t-il fait savoir. «Nous serons fondamentalement contre ces mesures. Ça sera dramatique pour la confiance des entreprises. C'est une ligne rouge, comme la hausse des cotisations sociales. Toute mesure qui inciterait à des hausses de la taxation serait une absurdité sans nom», prévient le patron des patrons.
Enfin, dernier sujet sensible de cette négociation: la question de la gestion du régime aujourd'hui paritaire entre syndicats et patronat. L'État souhaiterait renforcer sa présence.
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Une intersyndicale le 24 octobre
S'agissant de la formation professionnelle et de l'apprentissage, le chantier apparaît plus consensuel. Le président a estimé dimanche qu'il fallait «des règles claires et stables» et «une vraie reconnaissance du maître» d'apprentissage, alors que cette filière souffre depuis des années d'un problème d'image.
Du point de vue de la méthode, les consultations à l'Elysée ont donné l'occasion à plusieurs acteurs, CGT mais aussi CFE-CGC, de critiquer les rencontres bilatérales utilisées pour les ordonnances. Mais, le gouvernement n'a pas l'air d'envisager de changer de manière de faire. Divisés sur les moyens d'action contre la réforme du droit du travail, tous les syndicats doivent se rencontrer en intersyndicale le 24 octobre.